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Les Deux Cavaliers (Two rode together) – de John Ford – 1961

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Les Deux Cavaliers

La Prisonnière du désert est un chef d’œuvre, l’un des plus beaux films de Ford, sans doute son plus beau western. Mais ce monument consacré à l’obsession d’un homme ne fait qu’évoquer un thème souvent présenté comme centrale, à tort : le sort réservé aux blancs enlevés par les Indiens, et leur hypothétique retour à « la civilisation » après des années de vie captive au sein d’une tribu.

Les Deux Cavaliers est en quelque sorte le prolongement de ce chef d’œuvre, et l’occasion pour Ford d’aller au bout de cette question. Et si la représentation des Indiens eux-mêmes restent très hollywoodienne (les deux chefs sont incarnés par le blanc Henry Brandon, qui retrouve un rôle similaire à celui de The Searchers, et par le noir Woody Strode), le ton est sombre, et l’approche de Ford sans concession, et sans manichéisme.

La peinture presque caricaturale est contrebalancée par un refus de magnifier le drame. L’approche visuelle simple et sans fioriture, aux antipodes de La Prisonnière…, sonne moins comme du laisser-aller de la part du cinéaste (comme beaucoup de critiques l’affirment) que comme une volonté d’aborder ce thème sombre avec sincérité et respect. Respect que l’on ressent constamment vis-à-vis des Indiens.

Ford les respecte jusque dans l’horreur de leurs actes, bien plus qu’il ne respecte l’hypocrisie et la mesquinerie des bons Américains bien comme il faut, finalement bien plus cruels avec cette jeune captive que ne l’était son pourtant terrible conjoint comanche… Mine de rien, le film propose un point de vue assez radical et bouleversant sur un sujet complexe.

Radical, Ford l’est aussi dans sa manière d’étirer les situations et les dialogues. Quel grand cinéaste populaire, aujourd’hui, se permettrait un plan fixe de près de cinq minutes cadrant deux acteurs assis côte à côte, au bord d’une rivière qu’on voit à peine, et parlant nonchalamment de broutilles sans réel rapport avec l’histoire, sans enjeu dramatique ? Ford le fait, avec deux très grands acteurs (Richard Widmark et James Stewart, qu’il dirige pour la première fois), et cela donne un grand et beau moment de cinéma, simple et enthousiasmant.

Toute la première partie instaure d’ailleurs une atmosphère apaisée et bienveillante. La patte d’un immense cinéaste sûr de son art, qui sait prendre son temps et trouvant, toujours, le ton et le rythme justes. Souvent oublié dans la liste des grands westerns de Ford (lui-même n’était pas tendre avec le film), Les Deux Cavaliers est pourtant une merveille, atypique et passionnante. Un film assez formidable, où Stewart atteint de réjouissants sommets de cynisme. « Est-ce que l’argent peut vous faire changer d’avis ? -… Oui ! »


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